Mexique – San Cristobal & ses environs

Nous continuons notre route vers les Chiapas au Sud-Est du Mexique. Cette région riche culturellement compte plus d’un million d’amérindiens sur 3,6 millions que compte le pays. Chaque ethnie possède son propre langage, sa culture et parle peu espagnol.

Notre premier stop est San Cristobal de la Casas, ville réputée pour être froide avec une température annuelle de 15°C, un hiver froid mais un climat agréable le reste de l’année. Cette vieille cité espagnole aux rues étroites et colorées date de l’époque coloniale. C’est un lieu touristique mais vous y croisez aussi les mexicains venant profiter des magasins, les indiennes avec leurs enfants qui descendent chaque jour de leur village pour vendre des souvenirs (bracelets tressés, vêtements, couvertures…) ou de la nourriture, et des routards vendant dans les rues des bijoux qu’ils ont fabriqué pour gagner un peu d’argent. Tous les types de cuisine sont présents: mexicaine, pub anglais, thaïlandaise, italienne, espagnole (nous avons goûté le vin espagnol avec d’excellents tapas c’est un peu le comble de venir au Mexique pour ça…), une excellente boulangerie française… Toute cette vie donne à San Cristobal un caractère cosmopolite.

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San Cristobal est l’endroit idéal pour explorer la région et aller à la rencontre des populations locales. Tout d’abord il y a le marché où les indiens viennent de leur village pour vendre légumes, fruits, épices, viandes… (Désolée nous n’avons pas de photos car il est très mal vu d’en prendre). Puis nous avons choisi de nous rendre dans 2 villages avec un guide: San Juan Chamula et Zinacantan.

Le village de San Juan Chamula

Ce petit village appartient à la communauté des mayas Tzotziles. Ils portent des vêtements traditionnels: les hommes ont des tuniques en laine noires et épaisses (pour le froid) ou blanches et fines (pour la chaleur); les femmes portent de longues jupes noires, un châle coloré (rebozos) et des blouses brodées (huipiles). Cette population possède sa propre langue et sa propre religion qu’ils pratiquent dans un cadre catholique intégrant leurs anciennes traditions. San Juan Chamula est leur seul lieu de pratique religieuse.

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La première impression en entrant dans cette église, c’est la surprise! Nous sommes habitués à entrer dans des églises dans chaque pays où nous allons et ici tout est différent. L’atmosphère qui règne est lourde, la pièce est sombre, l’odeur qui règne est un mélange de bougies et de pin… Les nombreuses bougies sont allumées par les fidèles qui prient jusqu’à leur extinction. Il n’y a plus de bancs, ils sont été enlevés et remplacés par des épines de pins sur lesquels les gens s’assoient à même le sol. Des saints sont présents le long des murs avec un miroir accroché à leur cou dans lequel le fidèle voit son reflet. Un rituel pratiqué est de sacrifier un poulet pendant leur prière (nous n’avons pas compris exactement pourquoi). Pour se purifier les pratiquants boivent de l’alcool ou du coca pour roter, cela ferait sortir le mal… Vous pouvez voir un chaman à l’oeuvre en train de palper une personne afin d’en faire un diagnostic et prescrire un antidote à base de plantes; ici la population n’utilise pas la médecine moderne. Une autre particularité de cette communauté est l’utilisation de 4 couleurs représentant chacune une direction (Nord, Sud, Est, Ouest): vert, jaune, blanc et noir, couleurs correspondantes aux différents types de mais. Ils utilisent également les bouteilles de Coca-cola, Fanta, limonade citron et Sprite pour représenter ces couleurs (on en voit beaucoup dans l’église). Par exemple, pendant notre présence une famille était en train de prier, avait allumé une trentaine de bougies et à la fin de leur rituel ils ont chacun bu une bouteille de Sprite, même une toute petite fille qui buvait le lait au sein de sa mère quelques minutes plus tôt y a eu droit.

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En plus de toutes ces particularités, cette communauté est indépendante du système mexicain (du moins il semble que ce soit le cas et ils le revendiquent). Il y a un chef de village qui traite avec le gouvernement mexicain. Les autorités mexicaines n’ont vraisemblablement pas de légitimité dans ce village : ils ont leur propre police, leur tribunal ainsi qu’une prison derrière la mairie. Les prisonniers sont visibles et s’exposent donc à la vindicte populaire et à la honte. Notre guide nous a raconté que quelques années auparavant il y a avait eu un meurtre, quelques habitants ont découvert le coupable et ont fait leur justice eux même: la personne a été battue puis brulée… Il paraît que le taux de criminalité est quasi nul.

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Nous avons également eu la chance de pénétrer dans la maison d’un chef spirituel (chose impossible sans un guide local). Ce chef spirituel se porte volontaire pour cette fonction durant une année qu’il peut reconduire. Son rôle est d’être un leader spirituel pour la communauté et de protéger un saint en mettant à disposition une pièce de sa maison toujours ouverte dans laquelle les gens peuvent venir se recueillir et faire des offrandes à ce saint avec de nombreux rituels. Dans ce village de San Juan Chamula il y avait 120 chefs spirituels!

Sachez que si par hasard vous souhaitiez habiter dans ce village, c’est impossible :)

Nous vous racontons ce que nous avons compris et retenu en gros de cette communauté Tzotzile mais si vous voulez en savoir davantage, voici un lien intéressant: Article sur la vie des Tzotziles

Le village de Zinacantan

Zinacantan est un autre village Tzotzile qui signifie « chauves souris ». La tenue des habitants diffère quelque peu de celle de San Juan Chamula; ils portent des ponchos rouges ou roses éclatants et des chapeaux de paille à large bord d’où retombent des rubans rouges et violets. Les habitants sont réputés pour leurs qualités en horticulture (export d’oeillets, glaïeuls, roses, lys et chrysanthèmes à travers tout le pays), tissage manuel et extraction d’ambre et sel pour l’export. Ce village était un peu moins intéressant que le précédent mais l’église est plutôt jolie et voir les habitants aux tenues traditionnels vaut tout de même le détour. Nous sommes passés rapidement dans ce qui devait être l’hôtel de ville et ce qui est assez marrant c’est que vous retrouvez encore du Coca-Cola sur tous les bureaux (chez nous serait des bouteilles d’eau). C’est aussi l’occasion de voir une maison typique et la façon dont les femmes tissent les vêtements.

Zinacantan

Malgré la proximité avec l’autre village (San Juan Chamula), les règles de vie sont différentes. Les habitants des deux villes cohabitent parfaitement et les mariages entre personnes des deux villages sont possibles et dans ce cas ce sont les règles du village de l’homme qui prévalent. D’ailleurs la femme suivra l’homme dans son village.

On se doit dans cet article d’évoquer le mouvement « néo-zapatiste » qui s’est créé en 1994 lors d’un soulèvement. L’EZLN (armée zapatiste de libération nationale) représente les indigènes et les minorités et ils revendiquent le droit des peuples à vivre en autonomie. Sans rentrer dans les détails, des conflits récents se sont déroulés entre cette organisation et le gouvernement fédéral mexicain.

Prenons du recul…

Ce que nous avons ressenti dans ces villages c’est que bien que nous soyons au milieu du Mexique les peuples se veulent autonomes; nous avons eu l’impression de nous rendre dans des villages d’irréductibles qui résistent au rouleau compresseur du monde extérieur qui les entoure. Ils ne résistent pas vraiment en soit car pour eux leur mode de vie est naturel et légitime. Le monde va à une vitesse folle mais les habitants restent attachés à leurs traditions. Il ne s’agit pas d’un rejet car pour exemple ils se servent de la technologie (GSM) et savent très bien venir en ville pour vendre quelques objets. Ils ont leur histoire, leurs racines et leur identité qu’ils préservent contre vents et marées mexicains. Nous n’avons pas pensé que ces gens étaient arriérés mais simplement différents, ils ont leur façon de vivre et il s’agit d’une alternative à la nôtre.

Il est en tout cas certain que cette diversité apporte une richesse supplémentaire au Mexique.

One Response

  1. CA
    CA 2 décembre 2015 à 3 h 00 min |

    Encore un bel article merci beaucoup de nous faire découvrir tout cela ! CA

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