Pourquoi la Chine n’est-elle pas (encore) la première puissance mondiale ?

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Drapeau de la République Populaire de Chine

La Chine nous a impressionné, par ses infrastructures : autoroutes, trains à grande vitesse, tours immenses qui feraient presque passer la Défense à Paris pour un village de campagne, des villes de 10-15 millions d’habitants presque inconnues en France. Nous nous sommes donc naturellement interrogés sur le rang qu’occupe la Chine dans l’ordre des puissances mondiales.

La banque mondiale le dit, la Chine est désormais par les chiffres la première puissance mondiale (il s’agit pour les connaisseurs du PIB PPA – Parité Pouvoir Achat, c’est à dire du point de vue du consommateur).

Officiellement les USA sont restés 142 ans au rang de première puissance mondiale !

Les chiffres sont là et on ne va pas les contester, nous sommes aussi les témoins de l’émergence fulgurante de la Chine ces dernières décennies. Son ascension est bien résumée par les titres d’un reportage d’Arte en plusieurs volets sur la Chine : « la Chine s’éveille » puis « la Chine s’affirme » pour terminer sur « la Chine domine ».

Néanmoins la position de la Chine à l’heure actuelle ne nous semble pas refléter ce que représente une première puissance mondiale ou du moins la conception que nous en avons. La Chine a économiquement la taille d’un éléphant mais n’a pas l’influence ou le lead qu’elle devrait avoir dans plusieurs domaines.

Commençons par la langue, la Chine a sa propre langue et même sa propre écriture et c’est certes un élément d’identité fort. Pourtant, la langue parlée aujourd’hui dans le monde pour le commerce, le tourisme et la plupart des relations internationales est sans contestation possible l’Anglais (l’histoire en a aussi voulu ainsi). D’après ce que nous avons observé pendant notre séjour en Chine, l’anglais n’est pas beaucoup parlé/compris. Même si ces dernières années le mandarin est à la mode, cela reste marginal.

Venons en à la monnaie, quelle est la monnaie mondiale ? Même si l’hégémonie sera surement de plus en plus discutable, aujourd’hui la monnaie mondiale reste le dollar américain. Dans beaucoup de pays dans le monde la monnaie américaine est utilisée (nous avons pu le voir en Birmanie et au Cambodge…). Les échanges commerciaux internationaux sont encore principalement exprimés en dollars. Le Yuan reste une monnaie nationale mais si vous suivez l’actualité, vous savez que la Chine travaille ce point.

Abordons désormais la question de l’environnement. On ne va pas se mentir, nous ne pensons pas que la Chine ait comme première considération les questions environnementales, c’est même tout le contraire : produire d’abord et à tout prix. Mais une fois encore, elle est en train de changer (rattrapée par la pollution dans les grandes villes qui n’est plus supportable et les récents scandales sanitaires). A ce titre, une étude récente américaine a avancé que rester une journée à Beijing équivaut à fumer 40 cigarettes (ça fait réfléchir).

Si la Chine était la première puissance mondiale, elle serait en mesure d’endosser la responsabilité de gendarme du monde. Dans le domaine militaire, personne ne peut contester la suprématie des Etats-Unis, que ce soit en terme d’avancée technologique, de moyens disponibles, de stratégie, de présence mondiale ou de capacité d’intervention. Peut-être que la Chine ne veut pas endosser ce rôle mais pour l’instant elle ne le peut pas.

En ce qui concerne le rayonnement culturel, la Chine a surement un rayonnement local en Asie mais pas sur le reste du monde a contrario de l’Occident (Occident au sens large et incluant aussi et surtout les Etat-Unis).

Au niveau économique, les entreprises chinoises sont en train de conquérir de nouveaux marchés notamment en Afrique et Amérique du Sud : le train est en marche.

Les thèmes de la santé, de l’éducation et des avancées sociales seraient aussi à mettre sur la table mais nous n’avons pas beaucoup d’informations sur ces sujets.

Nous ne souhaitons pas dans cet article aborder la question des libertés et de la démocratie, les problématiques de la Chine sont très éloignées des problématiques d’un petit pays comme le nôtre et nous sentons aussi que nous ne connaissons pas assez le sujet pour en parler. Nous ne dirons certainement pas que la Chine est un exemple de démocratie et de liberté mais posons-nous la question : comment gouverner 1,5 Milliards d’habitants sur un territoire immense et les fédérer sachant que les cultures et même les langues peuvent être différentes ? La seule réponse que nous savons donner est que Pékin doit être un gouvernement fort.

Les relations entre « westerners » nous semblent aujourd’hui plus facile à établir que des relations sino-occidentales. Les référentiels, les coutumes et les attitudes sont différents entre chinois et occidentaux. Il est difficile pour nous occidentaux de ne pas juger exclusivement selon notre prisme culturel et d’établir un mur entre le eux et le nous. Il nous semble néanmoins très important de faire preuve d’ouverture d’esprit et d’essayer à tout prix de franchir ce mur.

L’ascension de la Chine a été fulgurante et trop rapide pour les esprits, elle représente encore l’usine poussiéreuse du monde. Il va falloir un certain temps pour s’habituer au fait que la Chine est en train de devenir une superpuissance.

Pour conclure, la Chine est sur le papier la première puissance mondiale mais n’en a pas encore l’aura. Peut-être pouvons-nous seulement anticiper que cette stature légitime pourrait s’obtenir ces prochaines années grâce à l’ambition et au travail des chinois.

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